•        Le sujet des femmes invisibilités dans l'histoire me tient énormément à cœur ce qui fait que je lis/regarde beaucoup de portraits de femmes. Je vous ai déjà parlé de chaînes youtubes comme les scienceuses et Padfoot vous a parlé de virago. Dans les livres, je rencontre souvent deux problèmes dans ces portraits : soit on a une idéalisation de la femme (parce que déjà que parler d'une femme, c'est beaucoup, on ne va pas parler d'une femme qui en plus ne pousserait pas à la sympathie, alors qu'on étudie dix mille rois et dictateurs qui n'inspirent pas la sympathie, mais eux sont des hommes, vous comprenez) ou la sélection de portraits est très centrée sur l'occident, et sur des femmes blanches. J'ai donc décidé de vous présenter un panel de femmes très différentes dans une série d'articles. Asiatiques, noirs, indienne, hispanique, guerrières, révolutionnaires, impératrices, professeures, médecins, chercheuse, militante, artistes, etc. Toutes auraient leurs places dans les manuels d'histoire. Aujourd'hui je commence avec trois guerrières.

     

    Rani Abbakka Chowta | Indienne (1525-1570s)

          Membre de la dynastie Chowta, elle est couronnée reine de la ville portuaire d'Ullal en vertu du système d'héritage. Son oncle lui enseigne la stratégie militaire et l'art de la guerre. Le Portugal, les Pays-Bas et l'Angleterre convoite Ullal, port prospère et carrefour de commerce sur la route des épices. Mais la résistance des souverains locaux est telle qu'aucune de ces nations n'a pu la conquérir. Lorque le portugal tente, Rani Abbakka forge des alliances et lève une armée transcendant castes et religions. Grâce à cela, elle parvient à repousser les troupes portugaises. Furieux, ils exigent d'elle un tribut mais elle refuse. Après plusieurs tentatives, en 1568, les portugais parviennent à prendre la ville et à pénétrer au sein du palais, mais Abbakka s'enfuit et se réfugie dans une mosquée. Elle rassemble 200 soldats et lance une attaque victorieuse contre les Portugais et libère même une ville voisine. pour conquérir Ullal, les portugais font allaince avec l'ancien mari d'Abbakka qui n'a pas supporté son départ. Des combats violent s'engagent mais Abbakka parvient à tenir la cité. Mais à la perte de plusieurs de ses alliés dans les batailles finit par avoir raison de sa résistance, après plus de quarante ans passés à repousser les assauts portugais, elle est défaite et emprisonnée. Elle est parfois considérée comme la première femme combattante pour la liberté en Inde.

     

    Tania la Guérilla | Argentine (1937-1967)

           Elle suit sa famille en Allemagne, où elle poursuit ses études et rejoint le parti socialiste unifié d'Allemagne. Elle en devient rapidement la traductrice (parlant russe, français, anglais, espagnol et allemand). En 1960, elle rencontre Che Guevara en visite en Allemagne. Inspirée par la révolution cubaine, elle s'installe l'année d'après à Cuba. Elle est rapidement remarquée et engagée pour participer à la campagne d'alphabétisation cubaine. Che Guevara souhaite étendre la révolution en Amérique du Sud, et Tania est recrutée pour prendre part à une expédition en Bolivie. Elle intégre la haute société dans le but de collecter des informations sur les élites politiques et les forces armées boliviennes. Elle est exposée en 1966, et est forcée de rejoindre les troupes du Che sur le terrain, elle est la seule femme du groupe, parmi les 47 guérilleros. Sans les informations qu'elle envoyait, les révolutionnaires se retrouvent isolés. Ils tombent en 1967 dans une embuscade. Tania est abattue. En 1966, elle avait écrit dans un poème: "will my name one day be forgotten and nothing of me remain on the Earth?"

     

    Juana Azurduy de Padilla | Bolivienne (1780-1862)

          Orpheline jeune, elle vit avec sa tante qui l'envoie dans un couvent dont elle se fera expulser cinq plus tard. Elle commence alors à fréquenter des groupes révolutionnaires. Avec son mari, elle rejoint la révolution et combat les troupes royalistes, aboutissant à la destitution du gouverneur en place. En 1811, les royalistes récupèrent le contrôle et la capture ainsi que ses quatre enfants. Libérés par son mari, ils se réfugient tous dans les montagnes, où ils poursuivent la guérilla. Leurs quatre efnants meurent dans les montagnes à cause de la faim et du paludisme. A l'approche du combat elle accouche d'une fille. Des traîtes parmi ses compagnons profitent de son moment de faiblesse pur l'attaquer et prendre ses biens. Elle les combat au sabre, son enfant à la main et parvient à s'échapper. Elle est promue lieutenante-colonelle après un coup d'éclat réussi. Elle aurait eu jusqu'à 6 000 hommes sous son commandement. Après la mort de son général, elle manque cruellement de moyen et retourne vivre avec sa fille. En 1825, Simon Bolivar président de Bolivie, lui octroie le grade de colonelle ainsi qu'une pension et aurait déclaré "ce pays ne devrait pas s'appeler Bolivia en mon hommage mais Padilla ou Azurduy car ce sont eux qui l'ont libéré."

     

          C'est tout pour cet article mais je vous conseille de rester connecté, la semaine prochaine on parlera de trois femmes leaders: la reine Nzinga, d'Angola; l'impératrice byzantinneTheodora et la générale chinoise Fu Hao!

     

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  •  Bonjour bonjour ! 

    Oui je n'ai pas tenu, oui j'ai honte, mais je vous prépare un gros gros article pour me faire pardonner et du coup je vous fait un petit article sur un compte instagram que j'aime beaucoup. 

    Tasjoui ? On reste dans le thème féministe avec le compte "Tasjoui". Si vous vous sentez mal à l'aise avec le sexe et la sexualité, il n'y a aucun problème, mais ni ce compte ni cette article ne sont pour vous, parce qu'aujourd'hui on parle de plaisir sexuel féminin (le nom du compte est assez explicite). 

    Le compte est déjà pas mal connu mais je pense qu'il est vraiment important de le partager et que tout le monde le suive et le lise, que vous soyez une fille, un homme, non-binaire etc.. Je dirais même qu'il est utile à tout le monde pour différentes raisons. 

    Ce compte a été créé par une femme, Dora Moutot, et a pour but de partager des expériences sexuelles de femmes qui racontent leurs anecdotes et leurs histoires à la créatrice pour faire réaliser au gens, hommes comme femmes, que le plaisir de la femme est énormément mis de côté dans les rapports sexuels hétérosexuels. D'où la description du compte que je trouve fantastique : 

    "Alors t’as joui? 

     J’ai eu l’air?
     Pour en finir avec les monologues du clito 
    Libérons la parole & la jouissance des femmes!

    Je trouve ce compte merveilleux parce que l'idée est de libérer la paroles des femmes sur leur sexualité, de briser les tabous de la sexualité féminine, de cassé les clichés sur l'orgasme féminin ou sur le fait que 'si elle couche c'est une salope', et parce que ça permet à d'autres femmes de se concentrer sur leur sexualité et de se découvrir. 

    A travers des témoignages, des tweets, des memes, la créatrice tente de faire réaliser que souvent le plaisir féminin dans les rapports sexuels est mis de côté. On se rend compte que souvent les femmes simules pour flater l'ego masculin, et que beaucoup trop d'homme pense que l'orgasme masculin clôture le rapport sexuel. Ce qui est un problème parce que d'abord c'est faux, une homme jouit souvent plus facilement et plus rapidement qu'une femme et ensuite, cela revient (encore une fois) à l'idée que les femmes ne sont que l'objet du plaisir sexuel masculin et que leurs envies et leur plaisir peut être mis de côté. Dora Moutot explique ça très bien dans plusieurs vidéos, je vous laisse aller les regarder, comme celle-ci par exemple. 

    Je trouve que c'est hyper important que les femmes témoignent pour libérer leur parole, et suivent et lisent ce compte parce que cela peut permettre à certaines de comprendre qu'il y a un soucis dans leurs relations sexuelles, qu'elle ne prennent pas de plaisir et que cela peut changer. Et il est de même très important, voir plus important que les hommes lisent ça pour peut-être réaliser qu'ils ne s'y prennent pas bien, que leur vie sexuelle n'est pas aussi saine qu'ils le pensaient et qu'ils peuvent s'améliorer. Et que le plaisir féminin EST important et que le rapport vaginal n'est pas le seul moyen de donner du plaisir et de faire jouir une femme (et ce n'est souvent pas le plus facile en réalité). Parce qu'ils n'ont souvent jamais entendu qu'ils n'ont pas réussi à faire jouir leur partenaire par peur de celle-T'as joui ? ci de vexer et encore une fois de blesser l'ego masculin.

    Le mieux dans tout ça c'est qu'elle partage des témoignages d'hommes qui ont pris conscience de ça et qui ont changé leur comportement, qui communiquent plus avec leur partenaire et qui se rendent compte que c'est quand même bien mieux quand les deux partenaires prennent du plaisir dans un rapport sexuel. Cela prouve que les mentalités peuvent évoluer et qu'on peut améliorer les relations hommes femmes même dans l'intimité, il suffit de réaliser que ça ne va pas. 

     

    Ce compte est un vrai bijou parce qu'il prône l'empowerment des femmes, leur donne un voix, leur permet de briser les tabous et de parler de la réalité des choses intimes sans faire dans la dentelle mais sans chercher à être vulgaire, seulement à dire les choses telles quelles sont, à apporter de la réflexion sur des sujets qui peuvent paraître délicats à aborder; Et elle partage des tweets et des memes très vrais et très drôles et pousse les femmes à s'accepter. 

    Bref c'est vraiment un très bon compte, je vous laisse le suivre et le parcourir, vous en apprendrez plus sur la sexualité des femmes que dans n'importe quel court d'SVT qui  n'expliquent même pas ce qu'est le clito. 

     

    [Edit 12/12/2021] Si vous tombez cet article aujourd'hui, sachez que ce compte est tenu par Dora Moutot, une militante TERF (trans exclusionary radical feminist) qui exclue de la lutte féministe les femmes trans (elle n'est donc pas féministe à nos yeux). Nous condamnons ces propos et si à l'époque de l'écriture de cet article, et donc avant qu'elle tienne ses propos ouvertement transphobes, son compte tasjoui était d'utilité publique, cela n'est plus le cas aujourd'hui. Il existe de nombreux autres comptes instagram féministes qui lutte de manière inclusive, qui pousse à l'empowerment de toutes les femmes et personnes sexisées, à la libération sexuelle et à l'éducation féministe, comme MashaSexplique ou orgasme et moi par exemple. 

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  •       Nous en sommes à la quatrième édition de cette catégorie d’articles, et après cet article, il en restera encore 4 ! Je n’avais pas réalisé en commençant cette catégorie que ça allait être aussi long. Mais j’aime toujours le concept de rétrospective sur mes séries au travers d’un personnage, alors même si c’est long, accrochez vous avez moi. Surtout, que l’article du jour vaut le coup, puisque je vais mettre à l’honneur des femmes fortes, complexes, et bien travaillés. J'ai pris conscience en écrivant l'article que sur neuf femmes, il n'y en avait qu'une non-blanche ce qui me dérange énormément mais le problème est que 7 de ces séries se basent sur un cadre historique et que hormis Pose du coup, elles ont très peu voir pas du tout de personnage noirs, donc ma sélection reflète ça mais je voulais le mentionner parce qu'on a besoin de plus de représentations de femmes noires ou non blanches dans les séries. 

     

    Une série = un personnage | Strong womenThe astraunaut wives club (2015) | Rene Carpenter

          La raison pour laquelle j’aime autant cette série, c’est le panel de femmes fortes et intéressantes qu’elle nous offre. The Astraunaut Wives Club raconte l’histoire des femmes des tous premiers astronautes du programme Mercury, qui ont accepté une série de reportages pour le magazine « Life » dans le cadre d’une propagande, pour présenter la famille parfaite américaine. On a donc sept femmes, toutes plus intéressantes les unes que les autres, dont ma préférée est René. Au premier abord, René, c’est la superficielle du groupe, celle qui ne respecte pas le dress code de la Nasa parce « qu’ils ne sont pas Christian Dior ». En réalité, René est bien plus que ça (même si cette scène me fait beaucoup rire). René c’est une femme fondamentale optimiste, elle croit en un monde meilleur et surtout elle est prête à s’investir pour rendre ce monde meilleur. Elle s’investit dans plusieurs campagnes politiques et est réellement affectée par les défaites/morts des candidats. De ce que l’on en voit dans la série, elle a une relation saine et heureuse avec son mari, mais elle ne s’abandonne pas pour lui ou ses enfants. Au contraire, elle sait se faire passer en premier et suivre son propre chemin. Et quand elle commence une carrière journaliste, elle fait bien comprendre à tout le monde qu'elle n'est pas là pour être un joli visage, mais bien pour parler, et parler des femmes en l'occurrence. Une des scènes que je retiendrai toujours de la série est celle de son live télé, où au dernier moment, on lui demande de parler de pâtisserie, et où elle arrive à détourner ça pour parler de ce dont elle voulait parler, la contraception. Rene est une femme fantastique, interprétée qui plus est par une femme fantastique, Yvonne Strahovski.

     

    Pose (2018-) | BlancaUne série = un personnage | Strong women

          Si vous ne pouviez regarder que deux séries de cet article, je vous dirai de regarder The Astraunaut Wives Club et Pose, avec une priorité pour pose. Pose en plus d'être une série à l'esthétisme magnifique, c'est une série super important en terme de représentations. En effet, elle se concentre sur la "sous" culture LGBT+ des années 80, l'époque de l'essor des bals. On a donc non seulement des personnages queer (série avec le plus grand nombre de personnages trans interprétés par des actrices trans) mais aussi des personnages racisés, puisque toute l'idée de "realness" des bals repose sur l'idée de "passer pour des personnes cis/hétéros blanches". Dans cet univers gravite pleins de femmes très intéressantes, qui soulèvent pleins de questions différentes. J'ai choisi Blanca tout simplement parce que c'est une personne en or. Elle décide de lancer sa propre maison et recueille plusieurs personnages en difficulté. Elle remplit parfaitement son rôle de mère en leur donnant un cadre, de l'affection, un foyer pour s'épanouir et où ils sont entièrement acceptés. Elle lutte, travaille, dure pour sa maison, est capable de pardonner, bref Blanca ce n'est pas la mère parfaite parce qu'elle n'hésite pas, mais c'est une bonne mère qui essaie d'être la meilleure femme et mère possible. Toutes ses relations sont super intéressantes et bien travaillés, que ça soit avec ses enfants, son meilleur ami Prey Tell, ou son ancienne mère Elektra (j'aimerais voir encore plus de scènes d'elles + des flash-back de leur relation.). Pour finir sur une phrase niaise, Blanca c'est l'âme de la série. 

     

    Une série = un personnage | Strong womenThe Deuce (2017-) | Eileen "Candy" Merrell

           The Deuce, c'est une série qui se concentre sur l'essor de l'industrie pornographique aux Etats Unis dans les années 1970, et sur la prostitution à l'époque qui a grandement joué dans cet essor. On suit donc les aventures de plusieurs prostituées et de leurs macs, et j'aurai pu choisir n'importe quel personnage féminin de la série, parce qu'elles sont toutes extrêmement bien travaillées et interprétées. Au milieu de tous ses personnages féminins, il y a Eileen qui mérite tellement sa place centrale dans la série. Sans trop vous en dire, Eileen s'est prostituée pendant des années sous le nom de "Candy" et a toujours refusé d'avoir un mac, pour ne pas diviser son argent et pour ne surtout pas avoir à suivre les ordres d'un homme. Après trop d'humiliations et de violences, elle décide de se lancer dans l'industrie pornographie, mais pas pour être devant la caméra, mais bien derrière. Dès les premiers épisodes, on s'attache très vite à Eileen parce qu'on voit et qu'on ne peut qu'admirer sa détermination. Eileen, c'est la définition même de "si on te claque la porte au nez passe pas la fenêtre". En plus de son courage, elle a un coup d'avance sur son temps, et va réellement chambouler le monde de la pornographie. Et en plus de cela, elle ne rejette pas le milieu dans lequel elle est. C'est important parce qu'Eileen, elle a réussi à s'en sortir, mais s'en sortir ça ne veut pas dire quitter ce milieu. Y a pas de blâme des prostituées ou de la pornographie, y a un blâme du traitement des prostituées par les macs, la société, les clients et les hommes. Eileen, elle réussit en tant que productrice de porno, et elle n'en a pas honte, sa réussite, c'est son indépendance. 

     

    The handmaild's tale (2017-) | EmilyUne série = un personnage | Strong women

          The handmaid’s tale présente pour moi quatre figures de femmes fortes, avec Jude, Emily, Moira et Janine. Elles auraient toutes leurs places dans cet article, parce qu’en femme forte, on fait rarement mieux. J’ai beaucoup hésité entre Janine et Emily, parce que je trouve que Jeanine apporte vraiment toute cette dimension d’innocence brisée, de martyr et littéralement toutes ses scènes dans la seconde saison m’ont fait pleurer. Mais j’ai choisi Emily, parce que pour moi, c’est la figure de la lutte contre l’organisation. Elle s’est engagée elle-même dans la lutte, parce qu’il était impossible pour elle de rester passive face à ce qui se passait. On l’a mutilé physiquement et moralement, on lui a tout pris, et elle trouve encore la force de lutter. Ses flash-back sont parmi les meilleurs parce qu’on voit qu’elle a déjà lutté pour les droits LGBT, pour épouser sa femme et adopter, et on peut voir la fatigue et la peur de devoir revivre toutes les discriminations et toute la lutte. Et malgré cette fatigue, cet épuisement qu’on ressent au travers de son physique, elle continue à se battre. Même à bout de forces dans les colonies, elle continue à agir en fonction de ce en quoi, elle croit (la scène avec l’Epouse est fantastique, son discours est fantastique.) 

     

    Une série = un personnage | Strong womenHarlos (2017-) | Margaret Wells

           Harlots, c'est une série qui suit l'histoire de deux maisons closes rivales en 1763, dont une tenue par Margaret Wells. Elle n'est pas vraiment populaire parmi les fans de la série, et pour cause, elle a entraîné ses filles dans la prostitution, a fait des enchères sur leurs virginités et bien qu'elle a fait en sorte qu'elles aient un gardien noble (entendre par là un seul client qui les entretiennent) plutôt que des centaines de clients, elle n'est pas très réceptive aux malheurs de ses filles. Le titre de mère de l'année n'est donc définitivement pas pour elle. Mais malgré cela, dire que c'est une mauvaise mère est pour moi une lecture un peu trop facile. Margaret, elle a été abandonnée par sa mère et est devenue prostituée très tôt, quel avenir pouvait, elle offrir à ses filles ? Elle a choisi de garder ses filles, ce qui n'est pas forcément courant dans les maisons close à l'époque et elle les aime sincèrement. Elle ferait tout pour elles et dans sa tête le seul moyen de survivre dans ce monde, c'est en possédant de l'argent, et le meilleur moyen pour cela en étant prostituée, c'est d'avoir un gardien noble. Est-ce que ça suffit pour légitimer tous ses actes, non-bien sûr que non. Mais Margaret ce n'est pas qu'une vulgaire marâtre qui aurait vendu ses filles pour se faire un maximum. C'est un personnage complexe, qui peut être très attachant, très attentionné notamment envers ses filles, et en même temps intraitable, parfois méchant. Elle a les relations les plus intéressantes à mes yeux, puisque chacune est travaillée pour révéler une partie de sa personnalité. Avec la marâtre de la maison rivale, pour qui elle a travaillé, on comprend pourquoi elle est aussi dure. Avec sa meilleure amie avec qui elle a commencé à se prostituer, on voit l'idéal qu'elle avait en tête quand elle a ouvert sa propre maison, avec son compagnon, on voit sa partie plus tendre et avec ses filles, on voit toutes les erreurs qu'elle a pu commettre et en même temps son amour sans limite. Margaret Wells, ce n'est définitivement pas un modèle de bonté, mais c'est un modèle de femme forte, qui lutte pour s'en sortir et qui malgré ses erreurs, se soucie sincèrement des gens qui l'entourent.

     

    Downton Abbey (2010-2015) | Sybil CrawleyUne série = un personnage | Strong women

           Downton Abbey, c'est l'histoire d'une famille noble et aisée et de leurs domestiques au début du XX° siècle. La série regorge de personnages intéressants et complexe, mais je pense ne pas trop m'avancer quand je dis que Sybil (au côté de Violet Crawley, joué par l'incroyable Maggie Smith) est le personnage préféré de la majorité des fans. Ou en tout cas, elle fait l'unanimité. Là où ses sœurs divisent, parce qu'il faut l'avouer même si je les aime beaucoup elle sont agaçantes, Sybil met tout le monde d'accord. Tout simplement parce que dès l'épisode un, on est plongé dans cet environnement très conservateur, où chacun à sa place, et Sybil dès le début casse cette image-là. Et c'est d'autant plus rafraîchissant parce qu'elle fait partie d'une famille noble. Les personnages de la famille ont des mésaventures oui, mais ils sont quand même extrêmement privilégie et voir une des membres remettre en cause ses privilèges et essayer de faire évoluer les choses, même avec des petites actions, c'est agréable. L'actrice, Jessica Brown Findlay est fantastique (vous pouvez aussi la retrouver dans Harlots, où elle joue la fille ainée de Margaret Wells!) Seul point négatif, je n'ai vraiment pas aimé la fin du personnage.

     

    Une série = un personnage | Strong womenWestworld (2016-) | Dolores Abernathy

           Si j'ai fait un choix plutôt conventionnel en choisissant Sybil, ce n'est pas du tout le cas en choisissant Dolorès. Si vous ne connaissez pas Westworld (où étiez-vous ces dernières années?) c'est l'histoire d'un parc d'attractions où les visiteurs peuvent revivre la conquête de l'ouest grâce à des androids à l'apparence humaine. Mais ces derniers commencent à avoir des comportements un peu imprévisibles. Des commentaires que je peux voir sur la série, on n'est pas nombreux à aimer Dolorès, et sincèrement, je ne comprends pas. Je comprends qu'on peut la trouver agaçante, qu'on puisse trouver ses choix et actions détestables. Mais en même temps Dolores c'est un android qu'on a torturé, violé, utilisé encore et encore. Je trouve que c'est suffisant pour justifier son désir de vengeance et le fait qu'elle ne pense qu'à ça. On l'oppose souvent à Maeve, que j'adore, et cette opposition est d'ailleurs super intéressante e parce qu'elle représente deux idéologies totalement différentes sur le monde, sur la liberté et sur la recherche d'un sens à donner à sa vie. Mais très sincèrement quand j'y pense, je pense que je réagirai plus comme Dolorès et j'apprécie beaucoup plus les moments de la saison 2 où on la voie. Dolorès, c'est un personnage fort qui en a assez d'être une poupée et qui veut renverser la balance. C'est pour moi le personnage le plus intéressant de la série et j'ai hâte de voir ce qu'elle nous réserve pour la saison 3. 

     

    Versailles (2015-2018) | PalatineUne série = un personnage | Strong women

          Je ne suis pas sûre que Palatine soit mon personnage préféré de la série, mais j'avais envie de la mettre en avant parce qu'elle apporte beaucoup à la série. Déjà rien que dans l'atmosphère elle apporte un vent d'air frais, loin des conventions guindées et très superficielle, Palatine est franche, vraie et surtout sympathique. C'est probablement la seule personne que vous ne trouveriez pas détestable dans la vraie vie. Ensuite, elle détonne des autres personnages féminins. Bien que j'en aime plusieurs, il faut admettre qu'elles sont toutes représentés soit comme des objets des potentielles maîtresses, soit comme des manipulatrices, ou les deux (exception faite de Claudine, un superbe personnage également). Palatine détonne parce qu'elle n'a pas évolué à la cour de Versailles, elle n'a donc pas tout cet aspect manipulateur, et quand elle s'y essaie c'est peu fructueux parce qu'elle n'est juste pas faite pour ça, elle est beaucoup trop entière. C'est ce côté de sa personnalité qui lui permet d'avoir une vraie relation avec le roi, puisqu'elle ne lui ment pas (j'allais dire que le fait qu'elle soit sa belle sœur empêche une relation sexuelle entre les deux, mais j'oubliais que ces détails n'arrêtaient pas Louis). J'aurai aimé voir encore plus Palatine, surtout dans la dernière saison avec la relation qu'elle avec ses enfants et surtout avec monsieur, j'aurai aimé encore plus de moment de complicité parce que leur trio avec le chevalier marche vraiment bien.

     

    Une série = un personnage | Strong womenVictoria (2016-) | Victoria

          J'ai quelques réticences vis-à-vis de ce personnage, mais c'est parce qu'historiquement parlant il y a plein de choses à redire. C'est le cas pour Versailles aussi, évidemment, mais je trouve que Versailles touche moins à l'essence de ses personnages. Louis peut avoir des aspects sympathiques, mais la série insiste bien sur sa cruauté et son autoritarisme. Victoria en revanche présente selon moi un portrait un peu trop embelli de la reine Victoria, symbole de pureté et d'innocence. Mais si on met ces considérations historiques de côté et qu'on se concentre sur la série, Victoria est un personnage très intéressant. On suit son évolution en tant que reine, mais aussi en tant que femme. La série se focalise beaucoup sur sa relation avec Albert (couple goal un peu d'ailleurs.) et ça aurait pu avoir un effet négatif sur le personnage. En effet, le fait qu'elle soit reine à créer quelques conflits avec Albert parce qu'est bien avoir une femme qui a un plus grand rôle que vous, de plus grandes responsabilités, c'est compliqué aujourd'hui, alors à l'époque ça l'était encore plus. Et les scénaristes auraient pu traiter ça de manière catastrophique, en la faisant se sacrifier pour la paix de son couple. Mais non, elle est la femme d'Albert, mais aussi la reine du Royaume-Uni, et elle n'abandonnera pas ses responsabilités. C'est cette pluralité de fonctions et de rôles qui rend le personnage intéressant. De plus, Jenna Coleman est fantastique dans le rôle. 

     

     

    Et vous, quelles sont les femmes fortes de série qui vous ont marqué et qui auraient leurs places dans cet article?

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  • Nous nous retrouvons aujourd'hui avec le premier article d'une longue série, mes podcasts coup de cœur. Ces derniers mois je me suis prise d'une passion pour le format podcast, qui a petit à petit remplacer la musique sur mes trajets. Podcasts connus, peu connus, militants, culturels, courts, longs. Bref des podcasts de toute sorte au rendez-vous ! 

     

    Kiffe ta race - Rokhaya Diallo & Grace Ly (Binge Audio)Podcasts coup de coeur #1

    Kiffe ta race est le premier podcast que j’ai réellement écouté, parce que je suivais Rokhaya Diallo, qui est une femme fantastique, sur twitter et que je voulais voir un peu plus son travail. Et ainsi commença une passion pour les podcasts. Kiffe ta race est un podcast très important parce que non seulement, il parle de sujets qui posent réellement problème dans notre société, mais surtout parce qu’ils donnent directement la voix aux concernés, ce qui n’est pas si courant dans les débats actuels. À chaque épisode, on retrouve Grace Ly, qui est asiatique et Rokhaya qui est noire, et un invité. Ce qui est très intéressant dans ce choix, c’est qu’on a un panel très large et varié d’opinions et de vécus. Rokhaya n’est pas là pour être la parole absolue et sainte de la « communauté noire », de même pour Grace. Elles invitent des personnes qui ont des vécus différents des leurs, qui ont une approche totalement différente, on peut le voir avec la première question du podcast qui est de se définir sur le plan racial. Là où Grace et Rokhaya se définissent asiatique et noire, certains invités n’aiment déjà pas forcément le terme race, mais n’aiment pas non plus ou ne trouvent pas nécessaire de se définir de cette manière. Ça pourrait être un détail, mais rien que ça, ça montre que les filles laissent totalement leurs invités libres et que leur but n’est pas de placer leurs avis et leurs ressentis au-dessus des autres, mais bien de mettre en avant la pluralité des voix. 

    Ce podcast est vraiment parfait pour ceux qui comme moi veulent s’éduquer sur les questions de discriminations raciales. Ils posent des questions qu’en tant que personnes non concernées, on ne s’est probablement jamais posé. C’est d’autant plus important qu’il fait écho à l’actualité. Si vous ne comprenez pas les débats qu’il y a eus récemment sur la fétichisation des personnes, particulièrement femmes, racisées, vous pouvez écouter l’épisode ‘la geisha, la panthère et la gazelle’. Si vous ne comprenez pas l’enthousiasme derrière Crazy Rich Asians, il y a un podcast dessus. Si vous ne comprenez pas pourquoi on s’offusque des sélections monochromes pour certaines cérémonies (oscar, césar), vous pouvez écouter ‘Décoloniser les arts de la scène’. Bref, Kiffe ta race est un podcast essentiel pour la compréhension des questions raciales et je vous conseille fortement de vous y intéresser. 

     

    Podcasts coup de coeur #1Passion médiévaliste - Fanny Cohen Moreau (Binge Audio)

    Si vous ne le saviez pas, je suis en étude d’anglais et d’histoire. En première année d’histoire, on a un cours sur chaque époque (ancienne, médiévale, moderne, contemporaine) pour ensuite pouvoir décider quelle époque on a envie d’approfondir. Le cours sur l’histoire médiévale n’était clairement pas mon cours préféré. Certaines parties m’ont passionné comme celle sur l’empire Byzantin, la naissance de l’Islam ou l’Europe Carolingienne, mais malgré cela, je n’aurai pas cru qu’un jour de moi-même, j’écouterai un podcast sur l’histoire médiévale, et qu’en plus j’adorerai ça. 

    Une des premières choses que mon prof d’histoire a soulignée dans son cours, c’est à quel point on a une image complètement faussée de l’époque médiévale, celle d’une période sombre et d’ignorance (merci les humanistes). C’est pour cela que même si vous n’avez aucune connaissance sur cette partie de l’histoire, vous pouvez écouter ce podcast, parce qu’il vous offrira un véritable aperçu de cette époque (il y a d’ailleurs un épisode sur les idées reçues). Rien que pour ça, j’aime ce podcast, mais ce n’est pas tout. Toutes les interventions sont faites par des étudiants qui viennent présenter leurs sujets de mémoire/thèse, ce que je trouve géniale parce qu’en plus d’être passionnée, ils ont probablement une façon de parler plus accessible, ce qui peut donner l’impression que c’est juste un de tes amis qui te parlent de ses études. En plus de ça, comme ce sont des sujets de mémoire et de thèses, ce sont des sujets très spécifiques, et qui en même temps nous permettent d’en apprendre beaucoup sur l’époque (par exemple les dragons, le roman de Renart <3, les bâtards de prince, l’art macabre …). Je vous encourage donc vivement à laisser sa chance à ce podcast, s'il m’a conquise, il peut conquérir n’importe qui (+++ entre nous, il y a un podcast spécial sur Kaamelot). 

     

    Les couilles sur la table - Victoire Tuaillon (Binge Audio)Podcasts coup de coeur #1

    On finit avec un podcast féminisme qui se focalise sur un aspect du mouvement, la déconstruction du mythe de la masculinité et l'observation des conséquences de ce mythe. Victoire Tuaillon accueille toutes les deux semaines un homme ou une femme ayant travaillé sur un aspect de cette masculinité ou un sujet en rapport avec cette masculinité et qui souvent y ont consacré un livre. Je trouve ce système un peu différent que celui de kiffe ta race, mais tout aussi intéressant ! Différent parce que les invités ne sont pas toujours directement concernés par la question (par exemple, il a un épisode sur le porno et un épisode sur la prostitution et les personnes invités ne font pas partis de ces milieux). Mais ils ont été observateurs et font part de ce qu'ils ont pu analyser et voir de leurs positions, en étant plus ou moins engagé dans la lutte féministe.

    Les sujets abordés sont assez variés, le podcast traite autant des symboles de la masculinité comme les "bagnoles", de l'impact de cette masculinité qui peut être toxique sur les femmes en parlant des violeurs, des conjoints violents etc, de la construction de cette masculinité avant l'idée que l'amour ce n'est pas pour les garçons et de ce qu'est une "éducation virile" mais aussi déconstruit les mythes qui entourent cette masculinité au travers par eemple de la déconstruction de l'idée d'une crise de la masculinité, ou de symboles virils comme le cro-magnon. Vous l'aurez compris les sujets sont très variés et permettent vraiment d'appréhender la question de la masculinité sous tous ses angles. Je trouve que Victoire Tuaillon fait vraiment un bon travail (comme toutes les femmes de cet article) et arrive à poser les bonnes questions pour condenser ces vastes sujets en 10 minutes. Hommes et femmes, écoutez ce podcast.

     

    Voilà pour ce premier article sur les podcasts! Et vous quels podcasts écoutez vous?

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  • Le silence des agneaux Bonjour tout le monde ! En ce dimanche, je n'avais pas beaucoup d'inspiration sur l'article que j'allais poster. J'ai donc tourné la tête et TADAM un sujet tout frais qui s'offre à moi. Il s'agit de l'excellent livre le Silence des agneaux de Thomas Harris. 

    Ce livre est surtout connu (enfin par moi jusqu'ici) pour son adaptation cinématographique avec l'excellent Anthony Hopkins dans le rôle de l'effroyable et intriguant Dr Hannibal Lecter. J'ai vu le film il y a près de deux ans avec Prongs, et pour tout vous dire, j'ai souvenir de l'avoir énormément apprécié mais je ne me rappelle pas de tout. D'autant que j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de changements par rapport au bouquin. 

    Mais ce dernier étant tout frais dans ma tête, et comme je l'ai vraiment adoré, je vais vous en parler plus en détail. j'ajouterai quelques comparaisons avec ce que je me souviens du film. 

    Pour vous faire un résumé de l'histoire on suit Clarice Starling étudiante à l'Ecole du FBI qui est chargée par son supérieur d'aller interroger le Dr Hannibal Lecter, psychologue reconnu, extrêmement perspicace et interné pour faits de cannibalisme, sur l'affaire de Buffalo Bill. Ce dernier est un tueur en série qui kidnappe des femmes avant de jeter leurs corps dans des rivières des jours plus tard. 

    Passons à l'avalanche de compliment.

    Tout d'abord je trouve que l'auteur a un réel talent pour créer une atmosphère et nous y plonger. On sent qu'il s'est vraiment renseigné sur le FBI, comment fonctionne une enquête, les différents procédures, le jargon et comment les différents corps de métiers fonctionnent lors d'une enquête c'est génial. C'est totalement réaliste et on est à fond dans la recherche du meurtrier. Il rajoute pleins de détails pas forcément utiles à l'histoire mais totalement nécessaire pour planter un décors et nous permettre d'être totalement immergé dans une scène. D'autant qu'il arrive vraiment à dépeindre une scène pour faire ressentir de toutes sortes d'émotion, notamment l'angoisse. Il arrive à nous faire attendre la fin, à placer un rythme qui s'accélère au fur et à mesure et qui rend le lecteur complètement haletant. 

    Je trouve en plus qu'il arrive réellement à mener plusieurs histoires en même temps. Bien que tout soit connecté, on suit à la fois l'enquête sur Buffalo Bill, l'histoire du Dr Lecter et sa relation avec Clarice, le point de vue de Buffalo Bill lui-même... c'est vraiment bien mené et tout se croise et se connecte. Il arrive à prendre les points de vue de tous ses personnages sans qu'une partie de l'histoire soit moins intéressante que les autres, et ça, ça prouve que c'est un bon livre. parce que quand différents points de vue sont adoptés dans un livre, j'ai souvent tendance à attendre celui d'un personnage plus que l'autre, ou de m'ennuyer quand on suit l'histoire de certains personnages, ce qui n'est pas la cas ici, ce qui signifie que chaque intrigue s'équivaut et a un intérêt particulier pour l'histoire globale ou pour planter un personnage. 

    On en arrive à un des points les plus forts pour moi : les personnages. Harris est très fort pour mettre en place la psychologie d'un personnage et sa complexité très rapidement. Surtout que c'est un peu tout ce qu'on a pour s'imaginer les personnages, il attache peu d'importances aux détails physiques (bien qu'il y  en ait quelques uns). La mise en place de la psychologie et manière de penser du Dr Lecter est , par exemple, très intéressante. Il est dépeint comme un monstre dans la bouche de la plupart des personnages mais qui reste très humain, notamment aux yeux de Clarice, et quand on prend son point de vue, il pense totalement différemment de Buffalo Bill qui lui vois les autres comme des choses. La manière dont l'auteur écrit selon les différents points de vue et les mots qu'il utilise sont très intéressant justement pour vraiment se retrouver dans la tête du personnage, sans besoin d'utiliser la première personne, et pour connaître sa psychologie. On peut ainsi comparé entre ce que disent les autres personnages d'un personnage, et la manière dont le personnage pense vraiment, notamment concernant Hannibal Lecter. tout le monde a un avis sur lui, et certains lisent bien mieux dans son jeu que les autres, mais le seul moyen de savoir ce qu'il se passe dans sa tête est lorsque l'auteur adopte son point de vue. Et c'est hyper intéressant. 

    Mais le personnage le mieux développé et le plus intéressant reste Clarice, et si dans le film le Dr. Lecter lui vole un peu la vedette, je trouve que l'auteur en a vraiment fait un héroïne forte dans le bouquin. Je trouve qu'elle irait parfaitement dans la galeries des "Fight like a girl" parce qu'elle est une étudiante, très intelligente et forte dans un monde d'homme et l'auteur arrive vraiment a lui donner une profondeur et une complexité intéressante. Elle est compétente, forte et déterminée mais a quand même des faiblesses, c'est un réel modèle d'humanité et c'est le genre de modèle qu'on pourrait aimer avoir. Dans mon souvenir, son personnage dans le film est un peu trop naïf et innocent. Elle est toujours un peu innocente dans le livre parce qu'elle reste jeune, mais elle a un fort caractère et n'est pas du tout naïve. Ce qui est très intéressant avec ce personnage, c'est qu'on va vraiment au fond de sa conscience et on découvre ses angoisses, ses peurs, son enfance... notamment grâce à la relation qu'elle entretient avec le Dr. Lecter qui lui donne des informations sur l'enquête en échange d'informations personnelles sur elle-même. On a ainsi un tableau complet de la femme qu'elle est, avec des forces et ses faiblesses, et ça rend le personnage beaucoup plus accessible et permet de s'y identifier facilement.

    Et on arrive à un point que j'ai particulièrement aimé : l'auteur semble dénoncer, sans le crier haut et fort, le sexisme dans le milieu policier. Ce qu'il démontre d'abord c'est que dans des cas qui concernent des femmes, c'est souvent des hommes qui se penchent sur le sujet, alors que pour comprendre des femmes qui ont été élevée dans le même environnement, avec les même codes sociaux etc... il vaut mieux demander à une autre femme. Ensuite, Clarice est perçue de différente manière par les hommes avec qui elle entre en contact. et c'est un des points qui m'intéresse le plus d'ailleurs dans ce livre, ce sont les relations qu'elle a avec son entourage qui sont des hommes pour la plupart. Elle est perçue de différentes manières, que ce soit flatteur ou non, souvent comme attirante, parfois comme intelligente et compétente (Crawford et Lecter), mais, à part par Crawford (et peut-être un peu Lecter), elle n'est jamais vraiment prise au sérieux ou considérée comme un élément important de l'enquête. Alors que lorsque l'auteur prend son point de vue à elle, il met vraiment en exergue sa compétence, sa force de caractère et son intelligence, qui démontre qu'elle est en réalité l'élément le plus important de cette enquête. 

    Pour développer un peu plus sur les relations on va se concentre sur celle avec Crawford et celle avec Lecter. Déjà le personnage de Crawford est hyper intéressant parce que c'est l'archétype du chef de police (en l'occurence au FBI) blasé et fatigué de son boulot. Mais au fur et à mesure, des éléments de sa vie personnelle sont mis en avant et on découvre un personnage bien plus humain qu'au début. On ne sait pas trop quel lien il y a entre Clarice et Crawford, si c'est plus père/fille ou de l'admiration réciproque ou même un peu d'attractivité... c'est à débattre et réfléchir, mais elle reste très importantes et très touchante. La relation entre Lecter et Clarice est d'autant plus importante parce que Lecter est la clé mais est un fin psychologue et réussi totalement à jouer avec les émotions de Clarice, tout en la respectant beaucoup. C'est, je crois, le seul personnage pour qui il éprouve un peu de respect et d déférence et c'est très intéressant quand on a l'impression que ce type est un monstre sans cœur. Le lien entre les deux est très fort, ce qui le rend d'autant plus effrayant.  

    Bref je pourrais encore parler longtemps mais j'ai peut-être besoin d'un peu plus de recul sur le sujet pour vraiment tout décrypter, mais c'est super intéressant, parce qu'on peut vraiment réfléchir sur pleins d'aspects du livre. Une dernière chose que je dirais est qu'il faut l'envisager dans l'époque où il a été écrit. Depuis, les mœurs et les mentalités ont évoluées, mais du coup ça reste intéressant de voir quelles étaient les mentalités de l'époque, comment ça fonctionnait etc.. 

    [EDIT] J'ai réalisé ne pas avoir été très objective dans ma critique de ce livre. Ayant rédigé l'article assez tard après l'avoir lu, et l'ayant grandement apprécié je me suis surtout rappelée des points positifis. mais Prongs est en train de le lire et pointe du doigts des choses qui m'avaient dérangées sur le moment mais que mon cerveau a décidé d'oublier. Donc, quand bien même Clarice est un personnage très intéressant, on peut quand même se rendre compte très facilement que c'est un homme qui se met dans la peau d’une femme et écrit ce qu’elle pourrait penser ou comment elle pourrait réagir. C’est-à-dire que certaines réactions ou pensées sont très ‘masculines’ en ce sens qu’elle pense d’elle même ce qu’un homme aurait pensée d’une femme dans cette situation. Et surtout, en lisant, je pensais que le bouquin se passait dans les années 60, ce qui expliquait un peu plus la vision ‘prude’ de Clarice, alors qu’en fait le bouquin est sorti en 1988 et ça prouve bien que l’auteur, aussi bon soit-il, reste dans des clichés et stéréotypes très vieillots de la femme, aussi badass soit-elle et aussi moderne soit le propos sur le sexisme dans la police et sur la force de caractère du personnage féminin. Ce n’est pas très clair je le conçois mais ça se comprend assez bien dans la lecture.

    Il y a un autre point qui me semble important d’aborder et que je ne voulais pas faire parce que je trouvais que ça spoilait un peu mais temps pis. Vous êtes auLe silence des agneaux - Thomas Harris courant maintenant donc ne lisez pas plus si vous voulez avoir une surprise totale. ‘Buffalo Bill’ le tueur en série que poursuit Clarice, est transsexuel. Ou en tout cas prétend l’être. Et c’est là que ça devient compliqué. De mon point de vue actuel je trouve très dérangeant la manière dont est décrite la transsexualité dans le livre. On ne comprend pas trop si ils considèrent ça comme une maladie et on ne comprend pas trop non plus comment ils peuvent prétendre savoir faire la différence entre une ‘vraie’ personne transsexuelle et une ‘fausse’. Mais je pense aussi qu’il faut savoir prendre de la distance et du recul sur la littérature : ce n’est pas un essai philosophique ou une théorie que l’auteur a décrite mais plutôt la description pure et simple de la manière dont étaient perçues les personnes trans à l’époque et de comment leur ‘cas’ (ce sont leurs mots pas les miens) étaient traités par la police, la société et la psychologie de l’époque. C’est très factuel, on ne perçoit ni critique ni approbation de l’auteur, du moins de ce que je m’en souviens, et si c’est intéressant, il ne faut pas oublier de rester critique du passé.  

    Pour mieux comprendre ce que je dis, il faut lire le livre, ce que je vous invite fortement à faire parce que c'est pour moi un très bon livre et ça fait longtemps que je n'ai pas pris autant de plaisir à lire un nouveau livre. (Je dis ça parce que j'ai relu les Harry Potter il n'y a pas si longtemps et c'était fantastique).

    Sur ce, dites moi ce que vous avez pensé du livre en commentaire quand vous l'aurez lu ou si vous l'avez déjà lu, à la semaine prochaine ! 

     

     

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