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Parlons hymnes nationaux
Aujourd'hui j'ai décidé de vous faire un article sur les hymnes nationaux. Lors des occasions sportives, on en entend plein, et personnellement je n'y fais jamais vraiment attention. Mais il y a quelques mois, j'ai décidé de m'y intéresser un peu plus, pour une raison qui est inconnue à ma conscience. Je vais vous en présenter cinq, il n'y a pas vraiment de raison particulière au choix que j'ai fais, je pense que j'ai juste pris les pays les plus proches de la France, et ceux que vous êtes le plus susceptibles de connaître.
Das Lied der Deutschen (Allemagne)
Paroles de August Heinrich Hoffmann von Fallersleben, en 1841 , sur une mélodie déjà existante de Joseph Haydn, datant de 1791.
En 1791, Joseph Haydn reprend un chant populaire pour l'anniversaire de l'empereur François II du Saint-Empire Romain Germanique. La musique porte le nom de « Gott erhalte Franz den Kaiser » (Dieu sauve l'empereur François). Lorsque ce dernier devient empereur d'Austriche, en 1804, il en fait l'hymne impérial. Après la chute de l'Empire, au milieu du XIX, l'Allemagne n'existe pas en tant que nation. 39 entités sont regroupées dans une confédération germanique, mais elles ne forment pas une nation. Une partie des populations de ces 39 entités sont en faveur de la création d'une nation allemande, August Heinrich Hoffmann von Fallersleben en fait partie. En 1841, il reprend la mélodie de Haydn et écrit un nouveau texte, composé de trois couplets, pour invoquer cette unité. En 1922, les trois couplets devinrent l'hymne national allemand. Seulement, le premier couplet commence par « Deutschland über alles, Ubes alles in der Welt » (Allemagne par-dessus tout, Allemagne par-dessus tout au monde), qui est sujet à controverse. En effet, dans le contexte de l'auteur, il parle d'une unité au dessus de l'individu, de la religion, des intérêts personnels et non au dessus du reste du monde. Mais quand le parti nazi arrive au pouvoir en 1933, il se sert de cette interprétation pour appuyer leur volontée expansionniste et hégémoniste. A cause de cela, les alliés interdisent l'hymne en 1945. S'ensuit une période sans hymne allemand. Finalement, en 1952, la troisième strophe uniquement devient l'hymne national.◘◘◘◘
God save the Queen (Royaume-Uni)
Paroles de la duchesse de Brinon. Mélodie de Jean-Baptiste Lully. Traduction du Pasteur Carrey. Devient l'hymne officiel en 1745.
En 1686, le roi de France Louis XIV est opéré de la fistule anale (so glamour). Pour célébrer sa guérison, la duchesse de Brinon (supérieure de la maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr), écrivit un poème pour remercier Dieu. L'oeuvre fut ensuite mise en musique par Lully, puis interprété par les jeunes filles de Saint-Cyr à chaque visite du roi. George Friedrich Haendel, compositeur officiel du roi d'Angleterre Georges Ier, qui était en visite à Versailles en 1714, recopia les paroles et les fit traduire au pasteur Carrey, puis présenta la musique signée de son nom, à son roi. Elle fut exécutée pour la première fois en 1745, par les partisans de Jacques III Stuart. Il devient rapidement l'hymne national de la majeure partie des pays du Commonwealth (ensemble de 52 états membres, dont la plupart sont d'anciennes colonies britanniques). Aujourd'hui, la majorité de ces pays a un hymne national qui leur est propre, mais plusieurs (comme l'Australie et le Canada), reconnaissent God Save the Queen, en tant qu'hyme royal.
+ Le souverain régnant ne chante pas, puisqu'il s'agit de prier pour lui.
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La Marseillaise (France)
Mélodie et paroles de Claude Joseph Rouget de Lisle.
A la suite de la déclaration de guerre entre la France et l'Autriche, le baron Philippe Frédéric de Dietrich (maire de Strasbourg) organise une soirée, en 1792, où est invité Claude Joseph Rouget de Lisle. Lors de cette soirée, le maire demande à de Lisle de composer un chant, qui sera nommé « Le chant de guerre pour l'armée du Rhin ». Ce chant devient un hymne à la liberté, un appel à la mobilisation et à la lutte contre l'invasion étrangère. Les troupes marseillaises l'adoptent comme chant de marche, et la chantent lors de leur entrée triomphale aux Tuileries à Paris, la même année. La foule rebaptise la chanson, qui devient « La Marseillaise ». Elle devient l'hymne en 1795, mais est abandonné avec le début de l'empire en 1804. Durant les trentes glorieuses, elle est reprise, puis officiellement ré-adopté en 1879, sous la troisième république. Durant le régime de Vichy, elle reste l'hymne national, mais est toujours accompagnée par le chant « Maréchal, nous voilà ». En zone occupée, le chant est interdit à partir de juillet 1941. Elle redevient l'hymne officiel en 1946, avec la constitution de la quatrième république. La version complète compte 15 couplets (13 de de Lisle, et deux dit « couplets des enfants » rajoutés par la suite). La version connue aujourd'hui compte 6 couplets + un des couplets dit des enfants. Le huitième couplet a été supprimé par Joseph Servan, pour son caractère religieux. Un autre couplet a également été supprimé car il était jugé trop violent. Aujourd'hui seul le premier couplet est chanté lors d'événements.
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Marcha Real (Espagne)
Pas de paroles, auteur de la mélodie inconnu.
En 1749, Fernando VI veut unifier et réglementer l'ensemble des « toques de guerra » (les mélodies qui retentissaient pour chaque corps armé lors des hommages au roi). Manuel Espinosa se charge de retranscrire cela sur papier, en s'inspirant d'une mélodie datant du XIIIe, ce qui donne « La Marcha Granadera ». Elle devient l'unique thème sonore en 1815, en toutes circonstances, dans une volonté d'unité nationale, pour se détacher des musiques françaises. L'hymne est alors renommé « La Marcha Real ». Comme plusieurs autres hymnes nationaux, l'hyme espagnol n'a pas de paroles. A de nombreuses reprises, des tentatives pour ajouter des paroles on eut lieu. Pour en citer quelques uns : José Maria Pernan sous la dictature de Primo de Rivera, Eduardo Marquina sous le règne d'Alfonso XIII. Ces paroles ont parfois failli faire perdre son statut d'hymne à la chanson. Par exemple, en 1870, le général Prim lança un concours pour créer un nouvel hymne qui collerait mieux à l'image progressiste du pays. Ce fut un échec, car la peur de toucher à cet emblème était bien présente. En effet, l'hymne devient un symbole puissant de l'unité espagnole, lors de la guerre d'indépendance contre les troupes Napoléonienne. Sous la deuxième république (1931-1939), l'hymne est remplacé par « el himno de Riego », qui avait déjà été l'hymne de la monarchie constitutionnelle (1820-1823) et de la première république (1873-1874). Mais dès l'arrivée du franquisme, « Marcha Real » redevient l'hymne, sous son ancien nom « La marcha granadera ». Franco impose un texte, qui disparaît à la fin de sa dictature.
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A Portuguesa (Portugal)
Paroles de Henrique Lopes de Mendonça. Mélodie de Alfredo Keil. Créé en 1890, devient hymne officiel en 1910.
Fin XIXe siècle, toutes les puissances européennes veulent coloniser une partie de l'Afrique, dans l'idée d'une « mission civilisatrice de l'Occident ». Le Portugal occupe la côte de l'Angola et la côte Mozambique, et il cherche à rallier les deux pays. Certains pays européens acceptent, comme l'Allemagne et la France, mais l'Angleterre s'y oppose parce que eux aussi voulait rattacher deux de leurs colonies, et donc ne voulez pas de la présence portugaise. Etant au sommet de leur puissance, à une période où le Portugal lui était assez affaibli, l'Angleterre menace le Portugal de lancer les hostilités si il ne se retire pas. La monarchie portugaise cède donc en 1890, contre les anglais, et retire ses troupes basées en Afrique. Ce qui ne va du tout plaire au peuple, parce que il y a une certaine conviction, qui est que le Portugal est à l'origine des découvertes de ces terres (on retrouve un hommage aux explorateurs dans la chanson), grâce aux travaux effectués sur les moyens de navigation, par les portugais (ce sont les premiers à ouvrir la route des Indes, en contournant l'Afrique). Cet acte est alors un abus évident, et un vol des anglais. C'est le début de manifestations patriotiques contre les Anglais, mais également contre la monarchie. C'est dans ce contexte que Henrique Lopes de Mendonça, écrit les paroles de A Portuguesa, et que Alfredo Keil compose la mélodie. En 1891, la chanson est proposée comme hymne national, lors du coup d'état qui va être un échec. Elle le devient finalement en 1910, quand la monarchie fut détrônée. Elle fut officialisée en juin 1911, en même temps que le drapeau.
++ Les paroles ont connu des modifications. Par exemple « contra os bretoes » (contre les anglais) est devenu « contra os canhoes » (contre les canons).
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